Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L ' O N A N E U R
4 mai 2012

le métier le plus enlaidi du monde

 

Il y a bien longtemps, pour enseigner, un bac +1 suffisait amplement. Dès la seconde, on était dans une école de formation, appelée Ecole Normale, et on apprenais le métier, ce qui fait qu'à environ 20 ans, on était mis en situation devant une classe, et la carrière était lancée, jusqu'à la retraite, 35 ans plus tard, à 55 ans, car l'enseignement était considéré comme un métier dur.

2840634002_1


Cette petite histoire a de quoi faire rêver tout ceux qui pas comme moi visent l'enseignement. Seulement, tout cela fait parti d'un passé révolu. Un passé annihilé par des décennies de politique démente, plébiscitée par un peuple qui à chaque élection cautionne les actions entreprises.

C'est pas beau à voir. L'histoire d'un meurtre, qui se déroule sous nos yeux, un meurtre lent, mais tout aussi efficace. Un assassinat qui est encore assez loin d'être fini, mais dont le dernier coup de poignard fut asséné il y a un an à peine.

La masterisation des concours. Deux grands mots pompeux, qui ne veulent rien dire, mais qui ont fait frémir tout l'univers de la fac (Juste frémir, hein, il ne faut pas abuser). J'ai vécu ça un peu de l'intérieur, j'ai suivi quelques AG, bref, je m'y suis intéressé un minimum. Un sacré bordel de merde, les AG. Dans un premier temps, les syndicalistes avaient des revendication assez puissantes, du moins basées sur le réel de la situation, avec la loi qui était en préparation. Mais, très vite, ils ont décidé de bloquer sans raison.

"Pourquoi il faut bloquer?" "Je sais pas, mais ça a l'air cool!" La débilité étudiante a atteint des niveaux assez inouïs, mais habituels quand on met un groupe d'étudiants ensemble. Ils n'avaient aucune ambition, bloquaient simplement parce que c'était sympa de pas avoir cour. Les manifs regroupaient 100 pèlerins qui ne défilaient que sur le trottoir. En résumé, un grand n'importe quoi. Aucune revendication ne ressortait, et, il fallait s'y attendre, les anti-bloqueurs (entendez les étudiants qui au début trouvaient tout aussi cool les vacances forcées, parce qu'ils pouvaient mater leurs DVD, mais qui n'avaient plus de DVD à mater, et se faisaient royalement chier en stressant pour leur petite année) ont voté la reprise des cours, et les cours ont repris.

La loi est passée, et les conséquences se font juste ressentir.

Pour faire simple, avant la loi, pour travailler dans l'enseignement, il fallait être licencié, puis entrer l'IUFM, y travailler pendant deux ans, avec des stages, et tout. Un système comme un autre, qui dans le meilleur des cas faisait enseigner vers 25 ans. Au sortir de cet IUFM, on était prof, même pour les morveux de maternelle. L'instituteur n'existait déjà plus, la profession n'est plus considérée comme une profession difficile. Même si, de nos jours, la télé et les jeux vidéo abreuvent les petits parasites d'un flot de stupidité qui lobotomise leur cerveau et les rend plus débiles qu'ils ne le sont à la base. De plus, la violence scolaire n'a jamais été aussi impressionnante, le prof risque la prison si jamais il donne 10 lignes à copier au perturbateur.

Voilà ce qui était la sortie de l'IUFM. Heureusement qu'aujourd'hui, le système de formation des enseignants a été totalement modifié. L'IUFM a disparu, remplacé par le master enseignement. C'est à dire qu'après avoir été licencié, l'aspirant prof doit passer par la case chercheur (et pas chercheur d'emploi), tout ça pour pouvoir apprendre à écrire son prénom à un maternelle glaireux. Absurde, vous me direz.

Mais ce n'est pas tout. La première année, on est chercheur, et la deuxième année, en plus d'être chercheur, il faut passer le concours d'enseignement capes, ou agreg. Et, là ou, par le passé, il était possible de passer indéfiniment ces concours jusqu'à la réussite, maintenant, on ne peut le passer que 2 fois! C'est à dire qu'on peut se retrouver avec une maîtrise ès enseignement, mais sans le concours. Mais il y a encore pire dans l'horreur. Avant, un licencié pouvait faire cours pendant 3 ans à des élèves, en tant que remplaçant, pour ensuite passer le fameux concours en interne. Maintenant, il n'en est plus question! Pour passer les concours, il faut à tout prix avoir le master. Les concours internes sont en général plus simple que externe, parce qu'il y a moins de concurrents, et que l'on a l'expérience professionnelle avant.

Il n'y a plus qu'une voie à emprunter, mais une question reste posée. Les concours pour être profs sont vla durs, et sont limités à 2 passage. Alors que pourront faire les personnes n'ayant pas le concours, mais ayant en poche leur master? Ils seront prof aussi, mais pas titulaires, pas profs à vie. C'est à dire que oui, ils pourront enseigner, mais à chaque fin d'année, ils seront angoissés que les directeurs d'école ne décident pas les virer. Ainsi voici toute une gamme de profs à disposition, que l'on peut virer quand on veut, sans problèmes, une armée de profs vacataires toute leur vie, condamnés à présenter leurs CV aux établissements pour avoir un petit poste.

Mieux encore, pour les boursiers, ils seront obligés d'avoir une seule fois leur concours d'enseignement. Car les bourses sont attribuées aux 5 années de licence, et aux deux années de master. Par conséquent, si les aspirants profs pauvres ratent la première fois leur concours, ils ne pourront pas le repasser, et seront condamnés à être profs vacataires. Leur chance est divisé par deux, c'est du joli!

Dernière nouvelle en date, pour pallier aux violences scolaires. Violence qui viennent du fait que les parents se sont totalement désisté de leur rôle pour en donner la moitié à la télé, et l'autre moitié aux différentes personnes qui côtoient les "rescapés d'avortement". Parmi ces autres personnes, il y a les profs débordés. Vu qu'ils ne peuvent gérer la discipline parce qu'ils doivent quand même inculquer les lettres de l'alphabet à ces "résidus de préservatifs", et comme les surveillants ont été évincés des collèges et lycées, les divers enseignants devront suivre des stage pour désamorcer les conflits entre les "finis à la pisse". Stage, durant lequel les petits cons seront livrés à eux-mêmes, encore une fois sans personne pour leur apprendre que s'ils se montrent violents ils se prennent une putain de baffe.

Et voici que s'installe une éducation à deux vitesses, avec des profs titulaires peu nombreux, et une foule de vacataires précaires à vie qui n'auront pas d'autres choix. Voilà la condition dans laquelle nous voulons que soient élevés nos enfants...


(première publication : 16/4/2010)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L ' O N A N E U R
Publicité
Newsletter
L ' O N A N E U R
Visiteurs
Depuis la création 127 253
Publicité