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L ' O N A N E U R
4 mai 2012

ça glisse pour Alice

Je m'étais très longtemps demandé pourquoi les oreilles de Mickey avaient cette forme si caractéristique. J'ai aujourd'hui trouvé la réponse: parce que Mickey n'est pas une petite souris, mais une paire de ciseaux, qui émascule sans hésitation les œuvres et les créateurs qui ont le malheur de se trouver sur son passage.

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Dernier exemple en date? Le film Alice au Pays des Merveilles. Rien d'autre. Le roman de Lewis Carroll raconte l'histoire d'une fillette qui se retrouve perdue dans un monde étrange, où tout marche de travers (il faut courir pour rester en place), et qui se retrouve confrontée à toute une série de personnages, plus fous les uns que les autres; de véritables psychopathes, hystériques et déments à lier. Bref, la rencontre de l'innocence et de tout les maux psychiatriques possibles et imaginables. Toutes ces créatures, aux pensées aussi grotesques que leur visage n'avaient que faire de la petite Alice, qui venait un peu comme un cheveux dans la soupe, et les déstabilisait dans leur folle routine sans fin.

Une Alice, donc, qui n'a rien à faire dans un monde alternativement trop grand et trop petit, et qui doit se dépêtrer, tant bien que mal, malgré les hostilités qu'elle éveille sur son passage. Mais une Alice que Burton a décidé d'évincer, en lui donnant 13 ans de plus, et des pensées qui n'ont plus rien à voir avec celles de la gamine qui ne comprenait pas pourquoi sa grande sœur lisait des livres sans images.

Le film serait la suite du roman de Lewis Carroll, marquant le retour d'Alice dans ce monde de fou. Un monde radicalement différent de ce qu'elle a connu par le passé, car la reine Rouge a pris le pouvoir sur le monde, et règne en véritable despote, sans partage, mais toujours très passionnée par les décapitation en règle. Ses soldats-cartes sont là pour imposer son bon vouloir capricieux, et le reste du monde vit dans la peur de perdre la tête (un comble dans un pays où la folie est la seule règle d'or). Une seule personne peut les sauver, Alice, dont la quête se résoudra en coupant la tête du Jabberwocky, le terrible dragon de compagnie de Rouge.

Dès son arrivé, on lui révèle qu'une prophétie existe à son sujet, et on lui propose toute l'aide qu'elle demandera. Car il faut sauver ce monde ravagé par la tyrannie de la méchante reine. Ainsi, toutes les créatures prennent la décision d'aider leur hôte, et de lui être fidèles jusqu'à la victoire. C'est généreux de leur part, mais en faisant cela, ils renoncent, tous autant qu'ils sont, à ce qui faisait leur névroses psychotiques, qu'ils remplacent avec une légère loufoquerie sans grand intérêt, à part peut-être le rappel que nous sommes bien dans une adaptation du roman britannique.

La cruauté et le non-sens de Lewis Carroll ont été remplacés par une sorte de mièvrerie proche du schéma de base des œuvres de fantasy: jeune héros + prophétie = sauver le monde. L'histoire est des plus linéaires, sans surprise, et n'a plus rien à voir avec les livres, dans lesquels chaque personnage a ses règles propres, et n'a cure des actions des autres. Le véritable pays des merveilles est surtout un pays dans lequel ses habitants sont enfermés dans leurs propres de système de pensée personnel.

Film excessivement décevant donc, qui n'a rien à voir avec le roman britannique, ni avec la créativité cinématographique de Tim Burton. Si vous voulez absolument voir Alice, je vous conseille le bon vieux dessin animé, qui lui, conserve toute la saveur des livres géniaux.


(première publication : 8/4/2010)

(paru dans : http://www.sortiedesecours.info/alice-au-pays-des-merveilles-de-tim-burton-2106/#.T6QbxtQzJkA )

 

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