rôtisserie balnéaire

La rentrée arrive, dans quelques jours, on retrouve nos copains d'école, de fac, enfin, quand je dis copains, c'est aussi les gens qu'on arrivait pas à blairer l'année précédente, et qu'on ne supportera pas plus cette année, même moins d'ailleurs. Tout ce petit monde aura pour seule ambition, lors de la première semaine, d'exposer ses vacances passionnantes, pour ceux qui ont très hâte de savoir de quoi il en retourne, je vous présente ici la bande-annonce: soleil mer plage. C'est tout! Quelle courte bande-annonce, je sais, mais j'aurais pas pu faire mieux, car les vacances se résument pour beaucoup à ces trois mots. Quelles vacances chargées!

Bon, comme vous insistez, je vais vous donner le résumé légèrement moins concis des vacances de vos amis. Pour commencer, ils se sont entassés dans une boîte de conserve sur roues, et sont restés assis durant au moins 8 heures, si c'est moins long, ils s'amusent pas, plus c'est long mieux c'est. Quand enfin ils sortent tout courbaturés de ces caisses à savon surchauffées, ils se trouvent en face de la mer. C'est là qu'ont lieu leurs vacances. C'est là qu'ils se sont amusés. Ils n'auront qu'une seule activité de toute leurs vacances. Bronzer. C'est de plus en plus passionnant dites-donc!

Mais bronzer, comment ça se passe (j'ai fait des recherches parce que moi bronzer je le fais jamais, trop crevant). Après un petit-déjeuner rapide, les futurs-bronzés se déshabillent, pour n'être plus qu'en caleçon. Ils exhibent leurs jambes frêles et poilues et leurs ventres ventripotants. Comme c'est le premier jour, ils n'ont sur la peau que la marque du voyage, le fameux bronzage pourpre du camionneur. Le reste, c'est blanc WC. Mais le but des vacances, et du bronzage est le contraire que pour les chiottes. Si il faut supprimer les diverses traces de pneu sur la céramique blanche, le bronzage consiste à se rapprocher le plus possible du marron de ces virgules. Pour ce faire, il faut aller à la plage, et s'exposer aux UV cancérigènes. Et là, on atteint des sommets dansl'art de faire des trucs utiles.

A la plage, il y a déjà des milliers de vacanciers qui s'adonnent déjà à cette activité très prenante. Le sable est caché par des centaines d'humains gras et oisifs. La première épreuve consiste à trouver une place parmi ces vastes troupeaux, une fois la place trouvée, il faut étendre sa serviette, s'allonger dessus et... rien du tout, attendre. Les plus acharnés se retournent comme des côtelettes toutes les trois heures pour être certain d'avoir plus tard un cancer sur toute la peau. D'autres exposent leurs pis à l'astre pour lui démontrer leur grattitude, et pour le remercier de distribuer ainsi ses rayons ultra-violets. Donc ils font cela toute la journée, avec un acharnement qui frise l'hystérie. Même les poulets dans les rotisserie, qui pourtant ont eux aussi très envie de bronzer n'y vont pas avec une telle obstination. D'ailleurs, il existe une différence assez importante entre la volaille rôtie et le plagiste décérébré. L'odeur: le plagiste sent un mélange de mer sale, de crème solaire périmée, et de sueur, ce qui est moins appétissant que le poulet.

Le soir, vos amis s'examinent la peau. Elle est rouge, mais ce n'est qu'un début. Après une nuit de sommeil, elle commence à peler, et on peut recommencer le bronzage, histoire de cuire la peau neuve d'en-dessous. Pendant la séance de bronzage, on peut s'occuper à regarder ses voisins, c'est d'ailleurs la seule chose possible à faire, passionnant n'est-il pas? Ils regardent leurs voisins pour comparer les bronzages, mais cela les déprime vite, et ils préfèrent se retourner pour montrer leur dos à la boule de feu. Ils dépriment surtout quand ils voient des kékés traverser la plage, les kékés, c'est le modèle que tout les plagistes qui se cuisent au soleil. Le kéké est très musclé et la couleur de sa peau est merde foncée. Mais les merguez à pattes ignorent que le kéké il triche, parce que le kéké, il se fait des UV artificiels (tout aussi cancérigènes que les naturels) et bouffe des hormones. Mais faut pas leur dire, ils sont pas au courant et ce serait briser leur rêves de grandeur.

Voilà, c'est les vacances de vos amis. Ils n'ont rien fait, deux mois de merde à s'exposer au soleil et aux regards envieux des moins bronzés qu'eux. Des vacances géniales, on les envierait presque, perso, j'aimerais moi aussi ne rien faire jour après jour, pour pouvoir avoir la peau qui roussit, j'aimerais tellement exhiber ma peau de manant et de gueux, car sous l'ancien régime, le bonzage était signe de pauvreté, le gueux devait travailler dans les champs alors que le riche étaient confortablement dans leurs chateaux, à l'ombre. Pensez-y!

Mais moi alors, qui n'arrête pas de critiquer les gens qui m'ont rien fait du tout qu'ai-je fait de mes vacances? J'ai passé mes vacances chez moi, en Bretagne, finistère nord plus précisément. Je me suis enfermé chez moi, ai regardé les nuages passer, redoutant l'apparition du ciel bleu. Au moindre signe, je fermais tout les volets. Vous pouvez railler, seulement pendant ces vacances, j'ai eu des tas d'idées géniales, toutes plus géniales les unes que les autres, de quoi occuper une bonne partie de mon année scolaire à venir. Des idées si géniales que j'en suis moi-même étonné, des idées dont je parlerais peut-être un jour sur ce blog. J'ai lu des livres très intéressants, j'ai découvert l'univers artistique de Dali, ait découvert que Marc Lévy c'était tout pourri, j'ai bouquiné deux livres très intéressants de Philip K Dick, qui parlaient des théologie. J'ai publié quelques articles sur ce blog, ait débattu sur quelques forum. Bref, des vacances à l'ombre, et qui furent intellectuellement très fructueuses, plus fructueuses que jamais, et d'ailleurs j'aimerais que ces vacances continuent pour que je puisse continuer à travailler.

(première publication : 29/08/2008)