banalité post-moderne, ou comment google, facebook et microsoft copient/collent leur vie

Il était une fois un jeune adolescent, qui vient juste d'entrer à l'université. Une brillante université américaine, bien chère, remplie de génies surdoués, une bibliothèque de plusieurs hectares, un campus plein de gazons, bref, l'université typique.

Ce jeune adolescent est assez moche, binocleux à culs de bouteilles, appareil dentaire, cheveux hirsutes, rares, frisés, tâches de rousseur, vêtements ringards à capuche. Son mot fétiche est « c'est cool », et quand il ne le dit pas, il dit: « c'est pas cool ». Il est entiché de la plus belle fille du campus, et rêve d'être introduit dans le club d'étudiants le plus huppé. Sachant qu'il ne pourra pas entrer dans ce club, il décide de se rabattre sur la fille, qui est, comme par hasard, la soeur du président de l'association étudiante.

Lors d'une soirée de merde, principalement arrosée de bières bon marché, et de punch à l'eau du robinet, il invite la jeune demoiselle à danser. Après quelque bafouillements gênés, la nana répond que non, qu'elle les préfère musclé, grand, ténébreux, avec de la conversation, de l'humour, un sourire impeccable, des yeux à vous faire fondre, riche, avec une belle voiture.

L'ado raté (pléonasme) rentre chez lui seul, à à peine 23h, c'est dire si la soirée est un désastre. Au lieu de se branler en pensant à ce qu'il aurait fait de dégradant à la fille en question, il décide de créer un site universitaire pour l'humilier en direct, et en même temps se faire des bombes sexuelles encore plus belle, avec une blondeur encore plus forte, avec des bonnets de deux lettres plus profonds.

Ce que je ne vous ai pas dit, c'est que ce gars est certes moche, sans charisme, ni originalité, mais il est un génie de l'informatique, un geek (c'est sans doutes pour ça qu'il a pas réussi à se faire la fille, qui n'aime pas spécialement les cernes sous les yeux, et le regard de veau mort). En cette qualité de geek, il peut parler avec les ordinateurs, ce qui veut dire qu'au lieu d'utiliser 26 lettres, ou même 10 chiffres, il ne peut parles qu'en deux signes: 0 et 1, c'est à dire, il ne comprend que le monde en oui/non (cool/pas cool). Un gros souci pour qui a une vie artistique et sociale, mais un avantage pour un geek.

Il créé son site, propose à son seul meilleur pote d'y participer financièrement, et les voici propulsés. Le site attire tout les mâles frustrés de l'université, de l'état, et enfin du monde. Puis, il s'étend à tout le monde, qui n'est pas forcément frustré, mais qui pense que c'est cool. Le gars est toujours un raté, mais il est au sommet d'un empire financier en moins de 3 mois, il trahi honteusement son ami initial, a un procès contre ce dernier, emménage à la vallée en silicone.

Tout le monde maintenant parle de lui, même si il reste moche et qu'il n'a pas réussi à se faire la fille. En gros, son but initial reste au delà de sa capacité, mais il a réussi à faire une belle merde que tout le monde acclame. Il n'a toujours pas de charisme, mais devient mégalomane, ajoute un tas d'applications inintéressantes sur sa création, et fini par créer un empire qui domine la planète, et tente d'écraser tout ses concurents dans une guerre puérile mais sans mercis.



De qui viens-je de raconter l'histoire? Le créateur de facebook, celui de google, celui de microsoft... En un mot, tout les créateurs numériques influents sur la toile. N'est-il pas étonnant, en effet, que chacun de ces acteurs au pouvoir planétaire connaisse la même histoire? A vrai dire, seule leur date de naissance change, et je trouve ça d'une pauvreté d'esprit assez incroyable. Une médiocrité vile et méprisable, que je m'empresse de fouler du pied.



L'aventure est convenue, on ne sait plus qui plagiat lequel, bref, aucune valeur, aucune grandeur, le même scénario inepte sans la moindre retouche franche. Je peux tout pardonner à l'humain, vraiment tout, sauf un manque d'esprit esthétique, et là, je dois dire, nous sommes en plein dedans.

Beaucoup de chrétiens diraient que notre monde est rongé par le péché. J'ajouterais que pour moi, le seul péché capital est l'absence d'esthétisme, et là, oui, notre monde est pourri par le péché.

Les ascensions plus que phénoménale de ces jeunes pisseux est aussi la preuve de ce que j'affirme. Car en effet, il y a les créateurs de sites web qui n'ont pas réussi à mettre leur génie dans leur vie, mais il y a aussi tout ceux qui suivent les yeux fermés.

Désastreuse société, dans laquelle les indigents intellectuels sans talents arrivent à imposer leurs piètres et quelconques créations, tandis que les artistes, raffinés et inspirés ne peuvent faire voir leurs riches oeuvres qu'au bout de plusieurs longues et studieuses années, et n'arriveront jamais à la cheville de popularité de ces « génies » hypertrophiés et boursoufflés, presque tumorales, comme de sales baudruches numériques.

Cherchez donc moi des exemples artistiques faisant preuve de telles fulgurance, d'une telle réussite, aucun chanteur n'aura attiré plus de fan que twitter, aucun écrivain n'aura été lu plus de fois que google n'aura été visité. L'époque est à la médiocrité, faut-il s'en réjouir, s'en résigner? Que peut encore l'art face à cette vulgarité populaire et malsaine?

Les geek frustrés deviennent maîtres du monde, nous arrosent d'une pisse banalité et fade, avalée par une majorité de contemporains. Dois-je sortir à mon tour ma bite?

(première publication : 27/10/2010)

Comments

[hom]

Ta description s'apparente plus à celle de Mark Zuckerberg, mais il a déclaré ne pas l'avoir fait pour une fille.

A lire l'article on penserait que tu as une dent contre les geeks tout en oubliant que c'est grâce à des geeks que tu as pu écrire l'article.