La société qui y était décrite vivait dans des villes aux architectures très particulières. Une tour au centre, puis des habitations en verre, disposées autour de la tour en cercles concentriques. Depuis cette tour, appelée tour panoptique, en hommage au concept de Jérémy Bentham.
La tour est accessible par l'ensemble des habitants, et au dernier étage, ils ont à leur disposition des jumelles pour surveiller, sans être vu, en toute légalité, leurs voisins, qui habitent dans des logements en verre. La surveillance absolue, bien plus efficace encore que celle de 1984, car au lieu d'employer des policiers peu motivés par leur salaire de misère, et qu'il faut pourtant payer, les surveillants sont les citoyens eux-même. Pas besoin de les payer, les voyeurs et commères en tout genre prennent leur pied à dénoncer les moindres écarts de comportement de leurs voisins.
Mais le système est encore plus vicieux, car aucun habitant ne sait s'il est surveillé ou non, et par qui. Du coup, que la tour soit occupée importe peu, ce qui compte, c'est que les gens croient qu'ils sont observés. Du coup, bien plus que la surveillance, c'est l'autosurveillance qui les réprime. Le moindre de leurs geste est autocensuré, ce qui rend bien efficace le procédé.
Tout le monde se croit libre, parce qu'il n'y a pas de policiers dans la rue, mais chacun est en fait policier, chacun est son propre policier.
Selon le même principe, les impôts sont récoltés de la même façon. Aucun prélèvement obligatoire, simplement des dons à diverses organisations de charité. On peu ne rien donner, mais régulièrement, les dons sont publiés, ce qui force tout le monde à donner de son argent, de peur d'être mal vu par le voisinage.
Une course aux échalotes basée uniquement sur la croyance qu'on sera surveillé, puis jugé par ses pères. Le gouvernement n'a plus besoin d'intervenir, seulement d'entretenir la concurrence à grand renfort de pubs et de championnats de dons.