Salauds d'extraterrestres!

Les films de science-fiction qui narrent des arrivées d'extraterrestres sur notre planète attribuent aux aliens des desseins belliqueux. Pour des raisons ignorées, les petits hommes verts sont tous pris de rages quand ils voient la planète bleue. Un peu, voyez-vous, comme un taureau qui voit un chiffon rouge secoué par un torero travesti. Ces extraterrestres, incroyablement plus intelligents que nous (ce doit être là la raison pour laquelle ils désirent nous matraquer la tête), mais surtout bien mieux armés, une simple pression sur une de leur gâchette suffit à faire s'effondrer l'intégralité des buildings d'une petite ville.

Les extraterrestres sont dans tout ces films présentés comme des américanophiles bagarreurs, bêtes et méchants. Les humains ont, eux, le beau rôle car ils sont attaqués, et aussi parce qu'ils gagnent la guerre malgré les lances pierres défectueux qu'ils brandissent face aux désintégrateurs de matière. A ce cliché, s'opposent les extraterrestres du film "district 9". Premièrement, ils choisissent une destination totalement différente des « States », il préfèrent à ce pays trop souvent sous-estimé, l'Afrique du Sud, avec ses plages, son soleil, ses traditions. Ce détail est d'ailleurs précisé à l'ouverture du film, exposé comme un trophée de la part du réalisateur: "regardez, j'ai réussi à ne pas envoyer mes extraterrestres à Chicago!" Je ne peux que l'en féliciter, imaginant la quantité d'efforts pour changer la destination de touristes interplanétaires.

ségrégation anti-alien

En outre, les extraterrestres ne sont pas méchants! Mais laissez-moi résumer plus en détail. Donc, au-dessus de Johannesbourg apparaît un jour une gros engin sombre sortent insectoïdes bipèdes. Elles n'ont pas d'armes, et commencent à déambuler dans les rues de la ville. Jusque là, tout va bien. Sauf que les deux peuples cohabitent mal à cause des différences de cultures. Le gouvernement décide alors, pour pallier aux problèmes de violences venant (forcément) des aliens. Motivés par la peur, les humains créent un camp où vivront les insectoïdes. La zone, appelée district 9 ressemble plus à un bidonville qu'à un camp de vacances. Ce détail rappelant l'histoire de conflit interracial ensanglantant à la fois les Etats-Unis d'Amérique, et l'Afrique du Sud qui développèrent les mêmes logiques de ségrégation. Le spectre des ET aux USA n'est pas loin!

Le district est mis sous la responsabilité d'un organisme (MNU) qui n'a d'autre ambition que de s'approprier les technologies d'armement des nouveaux venus, sans doutes, ai-je supposé, voulaient-ils les utiliser pour faire la paix. Malheureusement, les armes ne fonctionnent restent inactives dans les bras des humains. Les responsables de la société se détournent des aliens, les laissant à leur sort misérable. La branche du MNU qui gère le secteur est mise sous la responsabilité d'un crétin bureaucrate (pléonasme). Vous savez, ce genre d'idiot qui tente en vain de masquer son manque de cervelle en se cachant derrière un règlement plus stupide que lui.

Alors qu'il cherche à déloger tout les habitants pour les reloger dans des bouibouis encore plus petits, le gars tombe sur une petite bombonne qui lui crache dessus un produit noirâtre à l'aspect répugnant. Ce produit a pour effet d'engager une mutation génétique qui le transforme en extraterrestre. Il est transporté dans un centre où les humains s'amusent à disséquer des aliens, et sa nouvelle capacité lui permettant d'utiliser les armes extraterrestres est examinée sous toute les coutures. Les "scientifiques", tous autant de copies conformes du Doktor Mengele, piétinant l'éthique médicale et le serment d'Hippocrate s'adonnent à tout un tas d'expériences sur le pauvre gars.

L'autre parle de nous

District 9 nous pose, comme tout les films de science-fiction, des questions sur nous-même. Des questions graves en l'occurrence. La première étant: comment se fait-il que les aliens repoussants soient plus humains que les hommes eux-mêmes? Si les "crevettes" sont répugnantes, le spectateur comprend très vite que les guerriers sont et resteront les humains. Il n'y a pas de mauvais aliens dans ce film (personne n'a mangé d'ail), seulement de mauvais humains qui foulent du pied les règles d'hospitalité les plus élémentaires. Vu la puissance destructrice des armes, il est évident que s'ils avaient voulu se défendre, les ET l'auraient fait depuis très longtemps, mais ils se résignent sans faire d'histoire, tiraillés entre l'organisme officiel du MNU et les gangs criminels.

Ce film est un film qui vous fera haïr le genre humain, j'ai eu à certaines images le violent désir de tuer mon voisin de siège parce qu'il appartenait à l'espèce de ces êtres qui martyrisaient de pauvres extraterrestres que je voyais à l'écran. La mise en scène qui est un mélange de caméra embarquée et de reportage télé rend d'autant plus réel l'horreur du comportement humain. C'est un film de science-fiction réaliste et infiniment plus plausible que independance day qui montre tout les hommes de la planète unis contre l'ennemi de l'espace.

(première publication : 21/9/2009)

(publié dans Sortie de Secours n°16)

district 9

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