devoir maison
Après la merveilleuse idée de supprimer les notes des élèves, voilà qu'une nouvelle idée des plus pertinentes fait débat : les devoirs à la maison seraient néfastes et à supprimer.
Je suis contre. Ma première raison est que j'ai moi-même connu les devoirs à faire à la maison. J'ai ragé sur des problèmes de maths insolubles, et sur ces salauds de verbes irréguliers qui refusaient d'entrer dans ma caboche, malgré ma technique de mettre le livre d'anglais sous le lit pendant le sommeil. J'ai souffert le martyr, et je ne vois pas pour quelle raison la génération à venir ne souffrirait pas autant que moi, sinon plus.
D'ailleurs, une question me vient à l'esprit. Si un élève n'a plus de devoirs à faire à la maison, il n'a pas de révisions à faire non plus. Or, comment est-ce qu'il pourrait répondre correctement aux questions de sa future interrogation si il n'a rien révisé? Comment pourra-t-il avoir son bac s'il n'ouvre pas un seul de ses cahiers dans sa chambre? Le mystère est entier, à moins que les profs permettent les révisions pendant les cours (réviser le latin en cours de physique par exemple), où bien qu'il ait le droit à ses cahiers et livres ouverts pendant le devoir en question.
La dernière solution consisterait à répartir le temps de l'interro en deux : 30 minutes de révision, et 30 minutes de devoir.
Comme pour les notes, cette édulcoration du monde des enfants ne les prépare pas du tout aux âpretés du monde adulte, où il n'est pas rare d'apporter du travail à la maison.
Prenons par exemple la faune qui côtoie le plus souvent les élèves : les profs. Beaucoup d'entre-eux préparent leurs cours et corrigent leurs copies une fois rentrés chez eux. Faut-il le leur interdire, aussi?
Cet exemple n'est pas le seul, car la plupart des enseignants souffrent de la double peine : ils doivent prendre en charge une trentaine d'enfants par heure, mais quand ils rentrent chez eux, il en ont encore! Du coup, l'on peut considérer qu'un prof qui fait des enfants ramène un peu de son travail à la maison.
Dans une toute autre filière, la gynécologie, il n'est pas rare que le gynéco se marrie. Du coup, pendant le travail, il doit ausculter un sacré paquet de femmes, et quand il rentre chez lui, le devoir conjugal lui impose d'ausculter la sienne.
Faut-il interdire aux profs d'avoir des enfants, et aux gynécologues d'avoir des concubines.
Je pense du coup à d'autres personnes, qui sont nombreuses, qui travaillent directement chez-eux. On parle beaucoup du télétravaille, on en fait même l'éloge pour son innovation, alors qu'on oublie qu'au 19e siècle, les usines de textile embauchaient en masse des ouvrières qui travaillaient chez-elles, pour des raisons similaires, à savoir, que ça coute moins cher aux usines.
Les artisans aussi travaillent pour un certain nombre chez-eux, et je ne parle pas des écrivains, des bloggeurs qui n'ont pas de bureaux où se rendre, et doivent rester à des heures tardives devant leurs écrans pour rédiger des articles plutôt moyens comme celui-ci.
Du coup, si il nous faut supprimer tout les devoirs maison, il y aurait pas mal de professionnels qui se retrouveraient au chômage. Déjà que la situation du chômage n'est pas des meilleures actuellement...
(première publication : 11/4/2012)