J'ai envie de créer un prix. Non pas un prix littéraire, puisque je me connais, je risque de ne récompenser que des écrits venant de mon esprit. Il paraît que niveau partialité, ce n'est pas très acceptable... Je ne vois pas pourquoi.

C'est un peu comme la fondation d'une association caritative. Je me suis renseigné, on m'a dit que je n'avais pas le droit de monopoliser 35 heures d'antenne télé pour que les gens me fassent des dons. Aucune raison valable ne m'a été donnée, soit dit en passant.

Non, je ne vais pas créer de prix littéraire, mais il y a d'autres prix que je peux décerner, comme par exemple les tentatives non dissimulées de censurer, ou de détruire des oeuvres d'art, quelles qu'en soit leur nature.

Tout autodafé, toute interdiction de spectacle aurait la possibilité de concourir pour l'obtention du prix tant désiré. Les dictateurs seraient enfin vus et honorés pour ce qu'ils sont : des gens amoureux de la culture, qui en font la meilleure promotion possible.

Vous me lisez bien : toute tentative de censure ne constitue en réalité qu'une promotion à grande échelle. Il suffit de retirer un bouquin des ventes pour que tout à coup, tout le monde veuille le lire (au moins pour savoir la raison de l'interdiction).

Donc, au lieu de dire « achetez ce livre », dites : « ne l'achetez pas! ». Bien plus efficace.

Voilà pourquoi j'ai décidé de distribuer des bustes à mon effigie à messieurs les censeurs.

Cette année, les délibérations ont été longues. L'ensemble des autorités compétentes se sont penchées sur les nombreux cas de censure et de dénigrement de l'Art qui ont pu avoir lieu en cette contrée.

A l'unanimité, j'ai l'honneur de remettre l'onaneur de bronze à Jean-François Copé pour son fiel contre « tous à poil! ».

L'innocent livre jeunesse dont l'unique but était de faire voir aux enfants que sous nos vêtements, nous sommes avant tous des hommes n'a jamais connu de ventes aussi importantes que celles après le passage radio de Copé. Cela prouve (s'il est besoin), que la censure a toujours été bénéfique pour l'art. Il n'est pas d'art sans censure.

L'onaneur d'argent sera lui, remis, à la BNF, la Bibliothèque nationale de France, censée protéger l'ensemble de la production éditoriale du pays. Alors que les employés qui y travaillent recommandent à toutes les structures de contrôler le niveau d'hygrométrie des locaux, ainsi que la température, la luminosité, et tout ce qui peut nuire à des livres, des canalisations ont éclaté dans le département littérature et arts.

12000 documents ont été arrosés, et tout un chacun sait à quel point l'eau sur un livre est très mauvaise conservatrice. Elle aurait même tendance à esquinter les livres outre mesure. Heureusement que la BnF estime que l'incident n'a pas fait énormément de dégâts, sinon on ne les croirait pas. Peut-être que les livres qui ont été trempés étaient en plastique ? Il faut dire que les locaux sont habitués, il y a 10 ans, de l'eau s'est déversée au rayon histoire et religion. La situation est donc en de bonnes mains.

Enfin, pour clore cette magnifique cérémonie, décernons l'onaneur d'or à la censure que subit Dieudonné, depuis plus de 10 ans. Le trophée ira évidemment à Manuel Valls, mais parce qu'il faut bien donner la statuette à quelqu'un. En vérité, la palme est à remettre à l'ensemble de la censure qui s'abat sur l'humoriste. Je me suis déjà étendu sur le sujet, mais par soucis de généralisation abusive, je désigne ici tout médias, tout humoriste, tout journaliste qui croit qu'aller voir un spectacle traitant des nazis rend nazi.

Voilà, j'espère que cette cérémonie vous a plu! Je m'en vais à la recherche de nouveaux actes de censure. Je me suis laissé entendre que si sous les dictature, il en existait quelque peu, sous les démocraties, il y en a aussi. Mais il se peut que je fasse des amalgames.

le Hugot d'Or

Partager cet article