Avez-vous déjà eu un pistolet braqué sur vous? Vous est-il arrivé, de nuit, de croiser un homme à la mine patibulaire, qui pointe un pistolet sur votre poitrine, ou votre front? C'est une situation qui n'arrive que très rarement, Dieu merci.

Pourtant, nous avons tous assisté à une scène du même accabit. Un homme menacé par un canon qui n'a rien d'aimable. Nous avons tous été au cinéma, ou devant la télévision, et par conséquent, nous avons tous vu un épisode de ce type. Avez-vous dans ce cas, remarqué que la réaction du personnage menacé est dans presque tout les cas la même?

Quelles que soient ses convictions les plus profondes, il va les oublier, pour obéir aux moindres caprices de son interlocuteur. Le type armé peut alors lui demander n'importe quoi: donner de l'argent, chanter Johnny Hallyday, signer un contrat qui n'a rien d'alléchant, se coucher à terre.

C'est dans ces cas là qu'on voit que toutes nos convictions, qu'elles qu'elles soient, disparaissent. Quelqu'un est radin? Il videra son porte-feuille. Quelqu'un de courageux? Il prendra ses jambes à son cou. Enfin, ça, c'est du cinéma. Mais que ferions nous dans pareil cas? Une majorité écrasante obéirait sans hésiter devant ce petit trou. Et j'en ferais partie.

Tous, nous voterions pour un parti opposé à nos opinions, si l'occasion s'en présentait. Nos idées les plus ancrées ne valent rien du tout. C'est bien dramatique, mais c'est le cas. La gueule béante du pistolet nous ferait fermer les nôtres, de gueule.

Par conséquent, avoir un pistolet est très utile pour gonfler son charisme de façon démesurée. Les dictateurs l'ont tous compris: pour avoir un peuple qui se tait, il faut faire parler les armes. La simple vue des armes calme le plus nerveux des résistants. C'est ainsi que, dans les camps de concentration, les juifs, pourtant bien plus nombreux que leurs gardiens, ne montraient aucune animosité face à leur situation pourtant déplorable.

Le problème étant exposé, il faut maintenant y remédier. Mais ce n'est pas évident. Rares sont ceux d'entre-nous qui ont eu l'occasion d'examiner un vrai flingue. Impossible donc d'affirmer: « c'est un faux » ou « le chargeur est vide ». Impossible de faire comme dans les films de gangster.

Autre possibilité, elle consiste à sonder son adversaire, pour savoir si il a l'habitude de porter une arme, puis de lui faire une psychanalyse en direct, lui rappeler sa maman, qui serait mécontente si elle savait que son cadet s'amuse à menacer les passants avec son 9mm. Bon, je vous l'accorde, il faut pouvoir montrer une certaine assurance, et une vivacité d'esprit plus véloce que la balle projetée.

On peut aussi sortir un pistolet à son tour, pour rétablir l'ordre des choses: les deux pouvant s'entretuer, ils sont à égalité, et peuvent parler en adultes. Enfin, il suffit d'avoir une conviction assez puissante pour faire face à l'ennemi, et garder ses positions. Il faut être près à mourir pour ses idées, mais qui prétendrait en toute honnêteté donner à ses opinions une valeur plus grande qu'à sa propre vie?

(première publication : 23/10/2010)

sceptre du charisme

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