Eminem - Cleanin' Out My Closet

Qu'est-ce que l'amour? Un sentiment qui nous pousse à nous rapprocher le plus possible de l'être aimé. La définition que je donne, qui me semble à la fois simple et complète. Les dictionnaires ne donnent pas de définitions bien différentes.

L'amour se décline sous deux variantes: l'amitié, et l'amour. Deux entités différentes, mais aux frontières parfois poreuses. J'aurais tendance à dire que l'amour est un sentiment plus fort, qui se ressent lorsque l'éloignement est grand et long. Par exemple 5 mois avec un océan qui sépare, font éprouver une brutale affliction, et une envie irrésistible d'aller retrouver sa moitié. En ce sens, l'amitié est plus diffuse, l'éloignement peut faire resentir un pincement au coeur, mais on se fait vite une raison, sachant que l'ami reviendra.

Autre différence entre l'amour et l'amitié, en amour, les parties intimes entrent bien plus facilement en jeu qu'en amitié (c'est même le but primordial de l'amour).

Seulement, ici apparait un problème assez important, l'amour parental et familial? Qu'en est-il? A vrai dire, j'ignore totalement ce que je ressens pour mes parents. Certes, étant petit, j'étais très mal quand ils s'éloignaient, comme tout gosse qui se respecte. Mais maintenant? En temps normal, à un certain âge, tout enfant tend à se séparer de ses parents, à prendre son indépendance. Ce qui est logique, si il y en a qui restent dans le foyer, c'est avant tout pour des raisons pratiques que vraiment d'amour enfant-parent. Nourris, logés, blanchis à l'oeil, ça fait que tout ton pognon reste dans tes poches! sympa la vie!

Mais à part ça, tout jeune adulte veut s'éloigner du foyer parental, et par conséquent, le mouvement est inverse du mouvement amoureux. Parfois, je me demande ce que je ferais une fois installé. Reviendrais-je toutes les semaines (deux semaines, faudra bien aller voir les parents de mon épouse aussi), les week-end? J'ai le sentiment que non, je me dis que je ferais ma vie, loin d'eux et basta. Ils auront fait partie de ma vie au début, mais ils ne le feraient plus après.

De plus, quand je suis loin, je n'éprouve pas nécessairement le besoin de leur parler au téléphone et autre. Donc, ma question est : est-ce que je les aime? Ce sont les personne avec lesquelles j'ai le plus vécu après moi, mais se connaître longtemps est-il synonyme d'amour? Et puis, je les connais oui, mais avant ma naissance, je n'ai aucune idée de ce qu'aurait pu être leur vie, seulement certains flashs qui ne disent en réalité rien de leur passé véritable.

Attention, je ne nie pas l'existence de sentiment vis-à-vis des parents, ils nous ont élevé, tout ça, et il est normal de leur en être un minimum reconnaissant, parce qu'ils ont flingué 20 ans de leur vie pour chacun de leurs enfants. De la reconnaissance oui, mais cela ne fait en rien l'amour, qui ne se borne aucunement à cet état.

J'ai de plus tendance à croire qu'on ne peut aimer que des personnes qu'on a choisi, or on ne choisi pas sa famille alors qu'on choisi sa femme ou ses potes. En outre, au niveau des frères et soeurs, c'est encore pire, car si on doit quelque chose à nos parents, car, si ils n'avaient pas existé, nous n'aurions pas pu naître non plus. Mais on ne doit rien à ses frères et soeurs, qui sont en général plus des empêcheurs de tourner en rond qu'autre chose. Entre les chamailleries les premières années de la vie, et l'héritage qui sera forcément et malheureusement partagé à la fin de la vie des parents, il y a 1000 fois l'occasion de se foutre sur la gueule, et par la suite de se faire la gueule.

Donc, il n'y aurait pas amour. Il est très vrai que cette question me pose d'innombrables problèmes, car ma théorie me fait aussi me poser des questions sur moi-même? Suis-je normal? Le sentiment que j'éprouve le plus pour les parents est que je leur en veux, pour plein de choses. Je leur en veut pour en vouloir à la terre entière. Est-ce une attitude saine? Pour mes frères et soeurs, c'est plus de l'indifférence. Je vis avec eux, c'est un fait, mais, contrairement à d'autres personnes que je côtoie, je ne sais pas, si ils se retrouvent dans la merde, si j'irais les aider.

Je reste extrêmement perplexe, de même, face aux innombrables rappeurs et RnBeurs français qui déballent le temps d'une chanson l'amour qu'il ont pour leur mère (le père n'est jamais mentionné). J'ai l'impression qu'il s'agit plus d'un exercice de style que d'une véritable ode à l'amour parental. Toutes ces chansons, basées sur le même thème me déplaisent, sans doutes par manque d'originalité, mais aussi, et surtout parce que je ne me retrouve pas dans ce qui est dit. Je me sens à l'opposé, et je le demande si ce qu'ils disent est de l'ordre du ressenti.

En outre, et c'est là le dernier point, si je suis expansif en amour (j'aurais tendance à dire trop, mais c'est une autre histoire), je ne le suis pas du tout avec mes parents, je ne leur fait jamais montre de mes affections, un je t'aime dit à ma mère ou à mon père m'est impossible, ce sont des mots qui ne sortiront jamais de la bouche, même sous césarienne. Je ne comprends pas pourquoi certains vont s'enflammer dès que leur mère est évoquée dans un échange d'insulte. Il m'est arrivé d'essuyer ces insultes, je n'en ai jamais fait cas, et là encore, je ne saurais pourquoi.

Cela dit, je ne sais pas non plus si je m'aime. Certes, j'ai l'intime conviction que je serais très triste si j'étais loin de moi. Cependant, il m'arrive de ne pas me supporter du tout, j'oscille, parfois très rapidement entre un amour sans bornes pour moi-même, et une haine indicible.

(première publication : 7/7/2010)

de l'amour parental

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