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L ' O N A N E U R
24 septembre 2012

99% d'anonymes indignés

A ce qu'il paraît, il faut s'indigner. C'est en tout cas ce qu'affirme l'essayiste Stéphane Hessel dans son dernier traité intitulé sobrement : INDIGNEZ VOUS! Je me suis dit qu'il fallait pas mourir con, et que la meilleure manière de ne pas mourir con sans m'être indigné était de lire le gros volume. Pour ma défense, je n'ai pas entendu les inepties anté-mortelles de mes deux grands parents, et j'aurais aimé savoir ce qu'ils m'auraient dit pour faire le contraire. Peut-être qu'après je trouverais enfin une raison de m'indigner parce qu'au jour le jour, je n'arrive pas à m'indigner (sauf quand la salle de bain est occupée le matin).

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Je suis tombé des nues en voyant le pavé. Pour la modique somme de 3 euros, seule une quinzaine de pages contenaient la pensée d'Hessel. 20 centimes la page! Pour en avoir pour mon argent, j'ai aussi lu les autres pages. Le résumé derrière, la liste de titres du même éditeur, la couverture, les notes de l'éditeur. Tout, même les tampons de la bibliothèque. Résultat : 30 pages, ce qui ramenait le prix à 10 centimes la page.

Curieusement, le corps du texte me fit penser à un vieillard qui, avant sa mort, dit à son fils que surtout, surtout, il ne faut pas qu'il réitère les bêtises qu'il a faite dans sa vie. Vous savez, ce dernier chuchotement presque inaudible qui conclu la vie par une négation de tout ce qu'il a fait dans sa vie... J'aurais presque attendu un dernier chapitre conseillant de pas écrire des livres à la con comme ça.

Démarche intelligente que celle du vieux, puisqu'il sait que sur son lit d'agonie, la plupart des hommes ont trop de décence pour apporter un regard critique à ces borborygmes. Si malheureusement un esprit supérieur vient les contredire, c'est pas grave, ils auront expiré avant d'entendre la réponse.
 

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Donc, il faut s'indigner. Hessel revient sur son glorieux passé de résistant, puis décline deux ou trois motifs d'indignation, en oubliant qu'au final, le monde d'aujourd'hui est la conséquence de ses actes après guerre, et des actes de ses enfants.

Grossière erreur que de l'oublier, mais je ne lui en veut pas. S'il n'avait pas eu Alzheimer, il aurait eu Parkinson, ce qui eût été bien plus ennuyeux à la lecture du livre.

Selon lui, la meilleure manière de résister est dans un premier temps de s'indigner, et dans un second temps d'être pacifique. Pour le pacifisme, je me demande si ce fut le cas dans les maquis entre 40 et 45... Peut-être qu'ils faisaient exploser des trains pacifiquement, peut-être qu'ils assassinaient des agents nazis pacifiquement, après tout.

L'indignation, selon lui, n'est pas à confondre avec l'exaspération. L'un mène au pacifisme, l'autre est belligérant. Attention, il ne faut pas se tromper! Il y a des gens qui se croient indignés, mais ils sont juste exaspérés, et il conclut avec un jeu de mot très moyen : ex-aspérer est le contraire d'espérer.

Tout cela est bien joli, mais de quoi faut-il s'indigner? Deux choses. Pas plus, parce que la place lui manque. Les inégalités entre les riches et les pauvres, que je considérerais comme une indignation resto-du-coeur. La plus bidon qui soit, puisqu'en tout temps, elle est sujet à indignation.
 

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Alors, je le fais : Bouh! Les pauvres, c'est pas bien, ils ne savent pas s'habiller, et ils ne mangent même pas de plats raffinés, et ils l'ont même pas le bon goût d'acheter des toiles de maîtres.

Le deuxième sujet d'indignation est le conflit israëlo-palestinien. Mais dans la mesure où il a lieu à quelque kilomètre du centre de Paris, j'aurais tendance à les laisser régler leurs problèmes tout seuls. Comme si deux voisins de l'étage en dessous se tapent dessus, je n'irais pas les séparer. C'est un coup à me blesser, et ce n'est pas ce que je veux. La meilleure chose qui peut leur arriver, ce serait qu'ils s'entretuent tous, comme ça il n'y aurait plus de problème.
 

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Voilà en tout cas comment un livre résume la révolte de la jeunesse actuelle contre le libéralisme et la rigueur : 15 pages. La pensée des indignés, de ceux qui occupent Wall Street se résume à 15 pages. Bravo! Il y en a qui ont l'esprit de concision, si ce n'est pas de la pauvreté d'esprit.
 
(première publication : 28/6/2012)
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