le zénith

J'arrive à 14h, et me pose avec bonheur sous un arbre. Cinq ans plus tôt, le soleil n'avait pas chômé, alors je préférais éviter les risques. Yavait plus qu'à regarder les fans arriver par groupe, ou seuls comme moi.

 

Je comparais les looks improbables, masque anonymous, crêtes et tempes rasées en veux tu en voilà (je me souviens surtout d'un gars, dont la langue était agrémentée de 3 barres métalliques à qui ça allait pas si mal, même si la tondeuse avait été un peu feignante sur l'un des côtés. Le nombre de tatouages m'impressionna, aussi. C'est assez rare de voir une telle concentration, mais ce n'étais pas moche du tout!

Enfin, pas moche, ça dépend, puisque se faire tatouer la tête de Manson équivaut au même geste beauf que de se tatouer Johnny Halliday. Et orner son épaule d'un panneau routier barrant une croix gammée, c'est d'un con! Je trouve toujours aussi horrible ceux qui se font simplement tatouer des phrases, des citations, que sais-je. Mais dans l'ensemble, ça m'a conforté dans mon envie de me faire mon prochain tatouage, et ça m'a lancé dans la réflexion pour un troisième. A voir le moment venu.

 

Une poignée de personnes arrivent, affirmant qu'ils cherchaient des places. J'en hèle un.

 

« -J'en ai une, combien tu la prends?

-Donne ton prix.

-J'ai pris deux jours de congé : 50 euros chacuns, le train aller-retour, 90 euros, le billet, l'hôtel, 130 euros, le billet à 40 euros, plus le fait que je l'ai conservé pour toi, ça fait un total de 400 euros. »

Je n'ai pas compris pourquoi il a fait non de la tête.

Chose imparable, à 17h, tout le monde est au garde-à-vous, et les lignes s'agglutinent. A chaque concert qu'il m'a été donné l'envie d'assister, ce fut le cas, et ici, nous n'avons pas dérogé à la règle. Il fallut donc attendre debout pendant 1h30, heureusement, le petit journal est passé par là pour poser des questions. De quoi détendre, et peut-être chauffer l'atmosphère, en tout cas, de quoi patienter.

 

La personne devant moi est interrogée. Une mère de famille, la 50 aine, qui accompagnait sa fille, couverte de vêtements improbables et de cheveux violets (la mère, pas la fille). Elle a tout de suite attiré le journaliste qui a commence à l'interviewer. Rien de bien intéressant, à part le fait qu'elle n'arrivait pas à enchaîner deux arguments. Sa fille, une adolescente à la voix trainante, tournait ostensiblement le dos à la scène. Du coup, ce qui devait arriver arriva, je fus à mon tour interrogé sur ma couleur préférée.

« Le blanc.

-Ha bon, mais vous êtes habillé en noir.

-Oui, mais il s'agit d'une tenue de camouflage pour passer incognito »

 

Enfin, les gros-bras arrivent, écartent les barrières, le journaliste a à peine le temos de prendre les coordonnées de la mère, dans l'espoir de faire un futur reportage pour une chaîne de la TNT.

 

Je désespère, je ne serais jamais au premier rang. Et j'avais raison, malgré mon sprint, je me retrouve au 5e rang. La salle se remplie lentement, et j'en ai vite marre d'être debout. Quand tout le monde s'est introduit, l'attente continue encore, pour un concert qui devait commencer à 20h, la première partie a commencé à peu-près vers 20h45. Et quelle première partie!

(première publication : 8/6/2012)