Pourquoi j'écris ça ?
Pourquoi j'écris, je ne le saurais jamais. Je suis né avec, et je mourrais avec. Mais pourquoi j'écris ça. Ce blog, pourquoi est-ce que j'y met ces pensées exactes. Pourquoi elles, et pas d'autres. Pourquoi autant d'affirmations, alors que je sais pertinemment qu'une grande majorité peut s'y opposer et me les renvoyer à la gueule.
La peine de mort? Je me dis pour. La démocratie? Contre. La maternité? Une horreur. La nature? Une abjection. Le suicide? Preuve de grandeur d'âme. J'en passe et des meilleurs. Pourquoi tout ça? S'agit-il d'une impression que j'ai qui serait fausse. Une impression leurrée parce que justement, le créateur ne peut avoir une bonne vision de son oeuvre.
Il peut s'agir de cela. Les parents trouvent toujours leurs enfants merveilleux, même si ils sont moches comme des poux et cons comme des bites. Peut-être que je vois mon blog de la même manière, après tout.
Mais imaginons deux minutes si je ne me trompe pas. Si ma pensée, et donc mon blog, sont vraiment à contre courant sur un tas d'idées admises par notre époque. Si je suis à la fois un réac' révolutionnaire, d'où cela peut-il venir?
A part pour le fait que je veuille faire mon intéressant, cela va sans dire!
De mon blog, on peut lire une certaine évolution. Du premier article au dernier, un long chemin a été parcouru. Je partais de loin! Du vide intellectuel d'adolescent imbécile à des articles rédigés à l'avance, qui ne sont publiés que plusieurs semaines après avoir été pondus. Des articles qu'il faudrait parfois que je condense, mais sans le réussir, le plus souvent. Alors, je les divise de manière grossière, et presque malhonnête en deux.
Adolescent, je n'ai jamais affirmé mes idées. Les seules fois que je l'ai fait, c'était plus ou moins à mes dépends, et ça m'est retombé sur la gueule (peut-être est-ce ce qui va arriver pour ce blog). Quand on manque de personnalité, et de tempérament, chacun de ses actes revient tel un boomerang, et ça fait mal. J'ai eu mal dès que je l'ouvrais. Sans doutes est-ce aussi pourquoi, en société, je préfère la fermer.
Je me souviens, lors d'un travail au lycée, avoir pris dans ma tronche. Nous travaillions sur le cas fictif d'une fille très triste parce qu'elle était musulmane voilée, mais cependant lycéenne. Elle refusait d'aller à la piscine à cause de son Dieu, mais risquait d'avoir une punition si elle n'y allait pas. Choix cornélien, qui la tiraillait entre l'exclusion et les foudres d'Allah.
Spontanément, j'ai dit que la réponse au problème était des plus simples. Elle enlève son voile, met un maillot, et va à la piscine. Certes, j'aurais pu conseiller à la fille en question de prétexter ses règles, mais nous étions en classe d'allemand, et je ne sais pas comment on dit « règle » en allemand. De plus, je ne suis pas certain que ça ait mieux marché.
J'aurais mieux fait de fermer ma gueule, cette fois là. En quelque phrases, j'étais devenu un être intolérant, sympathisant d'extrême-droite alors que le 21 avril 2002 n'était pas si loin des esprits. Quelle grossière erreur j'avais commise. Il aurait fallu traiter la fille avec compassion et condescendance, lui dire que ce n'était pas grave, qu'elle pourrait nager avec son voile intégral. N'importe quoi sauf ce que j'avais dit.
Maladresse de débutant. Que je préfère éviter de faire en public, alors que ce serait salvateur, au contraire. Depuis, j'ai changé. Je crois. Pas dans le civil, je vous rassure. Seuls de rares privilégiés peuvent profiter de mes opinions arrêtées. Ma famille, et mes amis vraiment proches, mais pour eux, je déguise surtout mes idées sous le ton de vannes.
La peur du lynchage existe toujours, mais au lieu de lui obéir aveuglément, je tente de l'annihiler. Un pas en avant. Mais simplement un pas.
Ce qu'il y a de pratique avec un blog, c'est qu'en réalité, je ne m'appelle pas crazygollum, et je ne vous connait pas. L'anonymat permet aux faibles de dire de grandes choses! Confort absolu, n'est-ce pas?
Je dois dire que mon premier discours en public fut une catastrophe. Prévu lors d'une AG étudiante, le texte, désormais détruit, était lamentable. Aucun esprit, l'amas médiocre de ce que chacun voulait entendre. La diction fut pitoyable, et je ne suis même pas certain qu'un seul spectateur ait compris ce que je disais. Si seulement je m'étais foutu à poil pour souligner les inepties que je débitais...
Alors voilà que je veux aller plus loin. Qu'un jour, mon visage apparaisse derrière mes textes, puis ma personne, ou une personne que j'aurais créée. Sortir de la virtualité, et dire à tout le monde ce que je pense, sans en craindre les risques. Long labeur, mais essentiel.
(première publication : 18/9/2011)