l'art est mort, vive l'Art!

La France est toute déliquescente, depuis l'arrivée des nouvelles technologies, l'orthographe se perd, plus personne ne sait aligner deux phrases sans fautes. Le langage sms a tué la beauté de la langue, et par conséquent la littérature. Côté musique, ce n'est pas mieux. Les orchestres ont disparu, ont laissé place à de la musique qui ne fait rien d'autre que boumboum, et qui abruti notre jeunesse autant qu'elle la perverti. Tout cela est affreux. Faisons une minute de silence à tout nos grands auteurs ainsi piétinés par le jeunisme ambiant. Et qui doivent se tourner dans leur tombe dès qu'un individu martyrise le français qu'ils ont tant soigné et chéri.



Faisons donc une minute de silence.
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Heu... Je ne veux pas perturber la minute de silence, mais une expérience assez amusante a été faite. Un journaliste envoya des textes signés de Flaubert à un éminent professeur d'université, avec en pièce jointe cette question: « pouvez vous me dire si ces phrases sont écrites dans un français parfait? » La réponse fut affirmative. Puis, le journaliste envoya d'autres écrits du même auteur, mais se faisant passer pour l'auteur de ces mots. On les lui renvoya sèchement la copie, avec des fautes dûment soulignées en rouge, avec dans la marge ''mon pauvre homme, jamais vous ne pourrez percer avec de style là'' . Morale de l'histoire: Flaubert n'est pas si bon en Français que ça. Reprenons cette minute là où nous l'avons arrêté.
 

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Non, mais si on prend un auteur passé, et qu'on l'introduit dans notre époque, que deviendrait-il? Il serait perdu...



Bon, prenons Voltaire, un homme qui a milité toute sa vie pour que l'imparfait en -oit se change en -ait (ce que Flaubert refusa, en conservant l'archaïsme, un siècle plus tard!). C'est mieux de réfléchir avec un type concret.
 
 



Ce brave homme préférait infiniment la forme courte, et le style incisif aux longues phrases alambiquées. Il était maître des contractions, fan de rébus, et signait beaucoup de ses missives par « ecrlinf », ce qui signifiait « écrasons l'infâme ». Si ça, c'est pas du langage sms, je ne sais pas vraiment ce que c'est. Encyclopédiste, et parmi les auteurs du dictionnaire philosophique, il excellait dans l'art de l'article d'une ou deux pages. Je suis ainsi convaincu qu'il aurait pris beaucoup de plaisir sur un blog, où ce format est plus ou moins imposé.
 

Notre époque favorise le court et le bref, ça aurait été une chance pour Voltaire. Face à Twitter, il aurait été en extase. Bref, il se serait senti chez lui face à un ordinateur, à internet, aux blogs, aux commentaires, et aux sms. J'en entends dire entre parenthèses qu'on peut rien dire avec une limitation de 150 caractères: je réponds que c'est faux! Vous manquez juste d'imagination, mais le sms n'empêche pas les messages d'amour enflammés!



Je me tais, d'accord...
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Mais, et Baudelaire? Icône de la poésie Française. Lui au moins représente bien notre langue... Enfin, il était drogué au shit et à l'opium, il meurt d'une MST, il est censuré parce que ses poèmes sont de trop provoquants. Pour le reste, il vit une vie de dilettante, et claque son fric à tout vent. Comme une rock star, en fait.
 
 

N'est-il pas possible que si Baudelaire était né à notre époque, il aurait monté un groupe de rock pour sortir des albums au lieu d'écrire de la poésie? Je délire peut-être, mais j'aurais très bien vu Baudelaire sur scène, ou dans des clips sataniques.
 



En y repensant, Mozart aussi s'adonnait à des invocations du démon, il n'écrivait que dans un style classique, mais peut-être que cette année il aurait pu jouer du hard rock.
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Ha bon? La minute de silence est déjà finie? C'est que ça passe vite quand même ces choses là. Allez, une dernière petite pensée pour l'art qui se meurt, puis je m'en vais.

(première publication : 30/8/2011)