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L ' O N A N E U R
20 mai 2012

ermitage dans une thébaïde

"bien qu'il n'éprouvât aucune vocation pour l'état de grâce, il se sentait une réelle
sympathie pour ces gens enfermés dans des monastères, persécutés par une haineuse
société qui ne leur pardonne ni le juste mépris qu'ils ont pour elle ni la volonté
qu'ils affirment de racheter, d'expier, par un long silence, le dévergondage toujours
croissant de ses conversations saugrenues et niaises."
 

Huysmans, à rebours, chapitre V


J'ignore d'où cette idée est venue, j'ai toujours souhaité faire une pause dans un endroit reculé, sans personne auour de moi, je m'imaginais au pôle Nord, dans une station scientifique, ou dans une colonie lunaire. Des rêves tous aussi impossibles, quoi que pour le pôle nord, un peu de sous aiderait grandement. J'ai depuis longtemps désiré m'écarter de tout ce qui fait notre société: bruit, publicités, télévision... Sans vraiment penser à une solution véritable, jusqu'à cette année.

 

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La lecture de Huysmans, couplée aux les paroles d'une connaissance, qui évoquait une ancienne camarade partie faire ses révisions dans un couvent fut, à mon avis un terreau favorable. Je n'y avais jusqu'alors jamais songé, mais à partir de ce moment, la pensée se fixa. Bien souvent, mes idées géniales de trucs à faire s'évaporent, s'éloignent tout en restant en image de fond dans mon esprit, mais les circonstances firent que celle-ci s'incrusta.

C'est à ce moment qu'une personne qui m'est chère intervint. Elle m'incita à aller au bout dès que je lui évoquais mon plan, trop habitué à mes idées sans lendemain, elle m'encouragea plus que personne n'a pu le faire. Plus tard, alors que j'avais entamé les démarches, me disant que ainsi, n'ayant pas trouvé de travail cet été, les vacances seraient remplies d'une expérience tout aussi enrichissante, pas de richesse monétaire, mais de richesse intérieure.

Après cela, j'ai commencé à en parler, banalement, comme d'un simple projet de vacances, et je fus très heureux des réactions. Un premier groupe de personnes, dont mes grands-parents, trouvaient que l'idée étaient bonne, et disaient que d'autres le faisaient, etc. Bref, ils n'étaient pas choqués, mais compréhensifs, bien que les raisons que j'exprimais restaient des plus vagues.

Seulement, à ma grande joie, un deuxième groupe se créa de lui-même, composé de mes amis, donc gens de mon âge. Il faut dire que ma soudaine envie de m'enfermer dans une abbaye, pendant près de deux semaines, de la part d'un fan inconsidéré de Marilyn Manson, et à qui tout ce qui est religieux donne de l'urticaire, avait de quoi étonner les foules.

En gros, je n'avais rien à faire dans cette galère. Ma folie fut évoquée, les discutions, interrogations se multipliaient: étais-je sérieux? pourquoi le faire? ... Et moi, j'éprouvais une sorte de jouissance sans borne, j'étais en train d'entreprendre la chose la plus provocante que j'aurais pu faire jusqu'à ce jour. En réalité, dans une société où la provocation est devenue la normalité, entreprendre quelque chose par essence pas provocant, qui consiste à embrasser des symboles dénigrés par beaucoup, surtout lorsqu'à la base, on aurait aussi fait parti de ces dénigreurs provocateur, était une provocation bien plus grande.

Et c'est là que le génie de mon idée se révèle. Alors que certains, pour provoquer, vont montrer leurs fesses, brûler des drapeaux, où encore souiller des crucifix, je prenais l'exact contrepied de toute cette agitation devenue banale, et devenait du même coup le type le plus provocant de l'été 2010!


(première publication : 14/8/2010)

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