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L ' O N A N E U R
3 mai 2012

monkey island

Au plus profond des caraïbes... l'île aux singes. Une île mystérieuse, qu'aucun pirate n'a jamais foulé. Île habitée par une tribu d'indigènes vénérant une tête de singe géante, dans laquelle se cache un terrible secret.

 monkey-island-1990-2009

Ron Gilbert créa cette saga de jeu vidéo en 1990. Soit une éternité pour les jeux vidéo. Pac man n'était pas si loin. Jeu en son temps totalement innovant, de par ses graphismes somptueux pour l'époque (les créateurs étaient limités à 264 couleurs), et sa politique voulant ne pas tuer le personnage. Le deuxième épisode ira encore plus loin car les décors ne seront plus créés à partir d'ordinateurs, mais à partir de dessins numérisés.

 

Toute cette révolution numérique nous paraît aujourd'hui plus proche d'un mammouth gravé sur Lascaux que de la boîte de soupe de tomate d'Andy Warhol. Seulement, la révolution n'est pas seulement technologique, Monkey Island est un des rares jeux vidéo d'aventure bourré d'humour, ce qui n'est pas négligeable, au regard de tout ces jeux dans lesquels la principal action et source d'amusement consiste à tuer un max de quidams lambda qui ont simplement commis l'erreur d'exister et de passer sous votre regard.

 

Si je vous en parle, ce n'est pas par simple nostalgie d'une époque révolue, pas seulement en tout cas. Cette dernière année fut très riche en actualité pour la saga, dont un nouveau volet vient de sortir sur le net, mais aussi, la société Lucas Art a entrepris de remasteriser le premier épisode, en recréant l'intégralité des décors et des graphismes (déjà splendides à l'époque) Cette actualité bouillonnante laisse présager une remasterisation des différents jeux, et aussi, la sortie d'un cinquième épisode, déjà annoncé par le personnage récurrent de la voyante dans le dernier jeu en date. Mais, avant de prendre possession de toutes ces nouveautés alléchantes, plongeons plus avant dans cette saga.

 

Monkey_Island_2_Special_Edition_Comparison


« Je veux devenir pirate! »

 

Monkey Island s'ouvre dans la mer des caraïbes, à la grande époque de la piraterie. Un personnage, au nom imprononçable (jugez-en plutôt: Guybrush Threepwood) se présente sur une île perdue, avec la ferme intention de devenir pirate. Un personnage que nous ne connaissons ni d'Eve, ni d'Adam, mais que nous serons contraints de suivre, envers et contre tout. Il faudra surmonter trois épreuves pour avoir le droit au précieux permis de piraterie, et ensuite sauver la jeune gouverneuse de l'île, aux prises avec un pirate tellement contrariant qu'il a décidé de ne pas laisser la mort freiner ses ambitions de vieux barbon: séduire la belle. Mais, il vous faudra surtout, c'est sans doutes là l'obstacle le plus conséquent, composer avec la naïvetée atavique du protagoniste.

 

Car s'il est ambitieux, Guybrush est un peu maladroit, accumule les gaffes et les situations inextricables. La loi de l'emmerdement maximum s'acharne sur sa pauvre personne au faciès innocent. Ainsi, au cours de ses aventure, il s'est retrouvé au fond de l'eau, attaché à une statuette en or massif qu'il était censé vole. Il s'est aussi enfoncé dans des sables mouvants, après avoir été recraché par un serpent avaleur d'homme, ou encore, le joueur le découvre attaché au mat de son propre bateau, pour le retour de sa lune de miel. Sa maladresse frise la légende, lorsque, par accident, il en arrive à couler son navire, et doit être aidé par l'ermite de l'île, qui dévoile qu'il a une embarcation.

 

En réalité, la plupart de ses aventures découle de ses gaffes. Le deuxième volet de la saga, par exemple, s'ouvre sur sa petite personne qui se vante d'avoir vaincu l'affreux pirate fantôme sanguinaire, LeChuck. Mais sa fanfaronnade va trop loin lorsqu'il en arrive à exhiber à l'ancien bras droit du pirate un morceau de la barbe fantôme. Barbe qui sera, regreffé au cadavre du fantôme pour en créer un zombie repoussant de cruauté, qui ne nourrit plus qu'une seule ambition: se venger de Guybrush qui l'a envoyé à la mort une deuxième fois.

 

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Vaudeville de flibustiers

 

Le deuxième pire ennemi du héros est ainsi cet affreux pirate aussi grossier que répugnant, et qui n'aura de cesse de tourmenter Guybrush. Au fil des jeux, un étonnant jeu du chat et de la souris s'instaure entre eux. Chacun à l'occasion d'achever l'autre un bon nombre de fois. Threepwood tue son adversaire avec une bière de racine magique, puis le torture avec une poupée vaudou, le pulvérise à l'aide d'un boulet ensorcelé, et le fait disparaître sous une avalanche. De son côté, LeChuck prend plaisir à le propulser dans les airs, dans une scène mythique de drôlerie où les directs du droit s'enchaînent à l'infini, il le torture lui aussi à l'aide de la magie vaudou, le suspend au-dessus d'une cuve pleine d'acide, etc... Bref, ils s'amusent bien, pour le plaisir du joueur. Voyez quelles extrémités peuvent être atteintes quand deux hommes tournent autour d'une jolie fille!

 

La fille en question, troisième personnage de ce vaudeville de flibustiers, n'est pas pour autant une simple potiche qui compte les points en attendant que l'un se démarque. Elle est une femme à la poigne de fer, pour preuve, dans le troisième épisode: the curse of monkey island, elle se retrouve pétrifiée juste avant d'asséner un violent coup de poing à Guybrush qui réalise trop tard avoir offert une bague ensorcelée. Le poing finira par atteindre sa destination à la fin du jeu lorsque par miracle, après une cascade de malchances, il arrive à lever le sortilège. La cinématique d'introduction du quatrième jeu résume leur couple dans une suite de heurts plus violents les uns que les autres.

 

Cette multiplication de violence conjugale qui dépasse les bornes de l'admissible est lié au caractère trempé de la belle, mais aussi tempérament vantard et maladroit de son homme. S'ils en arrivent à se marier en clôture de l'épisode 3, ils ont connu une violente séparation entre les deux premiers opus. Les retrouvailles ne sont pas de tout repos, et dans un dialogue des plus ahurissants, le joueur peut s'amuser à exaspérer Hélène jusqu'à plus faim! Toutes les saloperies que vous rêviez de dire à une femmes sont cataloguées, et prêtes à sortir de la bouche de Guybrush que vous maîtrisez. Le manque de tact va jusqu'à demander la carte au trésor de feu le père de la gouverneuse juste après avoir reconquis son cœur brisé.

 

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Un humour décapitant

 

L'humour imprègne chaque épisode de la série, entre maladresses et vaudeville, le joueur n'a pas le temps de s'ennuyer. Les anachronismes sont légions, de même que les références à tout un réseau culturel allant de Hélène et les garçons au mythique Star Wars. Les situations improbables se multiplient, et les résolutions sont plus loufoques les unes que les autres, à tel point que Guybrush avoue, à certains instants être dépassé par l'absurdité de ses propres actions.

 

Mais un jeu de pirate à l'humour aussi décapitant ne pourrait se passer des fameuses batailles au sabre. Ici, ce ne sont pas l'adresse ni la violence qui font mouche, mais les insultes. Malheureusement absentes du deuxième jeu, elles occupent une place primordiale dans les trois autres épisodes. Le combat d'insultes repose sur le principe simple comme bonjour: humilier de l'adversaire vaut mieux que de l'embrocher, il faut arriver à lui lancer un nombre suffisant d'insultes sans qu'il trouve de quoi répondre.

 

De nombreuses variantes arrivent au cours des aventures, et nous apprenons que sur mer les insultes sont supposées rimer (ce que la traduction n'a pas totalement réussi à mettre au point), et dans le jeu 4, escape from monkey Island, les épées sont abandonnées au profit de fléchettes d'insulte, de bras-de-fer d'insulte, bref, tout les jeux possibles accompagnés des fameuses insultes. Cet épisode nous présente aussi une toute nouvelle forme de combat: le « monkey kombat », lutte acharnée sous formes de cris simiesques et de positions de kung-fu. Très proche du mortal kombat, et qui devient totalement délirant à la fin de l'opus lorsque le singe géant mécanique contrôlé par Guybrush rencontre l'horrible et ventripotente statue animée de LeChuck. Une lutte sans pitié entre les mastodontes qui ne peut se finir car les barres de vie de chacun d'eux se régénèrent à chaque coup, plus vite qu'ils ne se blessent.

 

tales-of-monkey-island-chapter-1-on-wiiware-picture


Le secret de l'île aux singes

 

Au cours des quatre, nous retrouvons de nombreux personnages, en plus que le trio principal. Chacun occupe un rôle bien précis, mais se retrouvent pour beaucoup dans des situations des plus grotesques. Ainsi, Guybrush rend régulièrement visite à Lady Vaudou qui le conseille et lui fournit des ustensiles de magie, il a toujours affaire à Stan, vendeur d'occasion, toujours habillé de sa veste à carreaux, qui vend des bateaux d'occasions qui prennent l'eau, des cercueils d'occasion, des assurances vie... et tente à chaque fois d'arnaquer ses clients, à grand renfort d'enseignes clignotantes. L'ermite de l'île aux singes, Hermann qui n'a pas de pantalons, les cannibales végétariens qui vénèrent une divinité allergique au fromage, et encore, le crâne zombie Murray, plus bavard que maléfique.

 

Certains lieux reviennent aussi, comme l'île de Mêlée, gouvernée par Hélène, ainsi que d'autres îles plus ou moins importantes, mais toutes habitées par d'affreux pirates qui préfèrent se noyer dans l'eau-de-vie que dans de l'eau salée. Entre autres, nous pouvons citer l'île du crâne (rebaptisée île du canard-lapin), l'île de Scabb, une coopérative anarchiste de pirates, assassins et autres criminels, ou encore l'île du sang plongée dans une terrible histoire de famille. Seulement, toutes ces îles ne valent pas, la fameuse et mystérieuse île aux singes, île légendaire dont tout le monde parle, mais où la main de l'homme n'a jamais mis le pied.

 

Une île qui cache un terrible secret, et qui sert par la même occasion de refuge au pirate fantôme et à son armée de mort-vivants. Un secret qui, malgré les nombreuses visites de Guybrush, n'en finit pas de s'étoffer. D'un premier abord, on pourrait penser que ce fameux secret serait détenu par LeChuck, le locataire officiel de l'île. Pourtant, il révèle ne pas le connaître dans le troisième opus. Plusieurs hypothèses s'offrent donc au joueur. L'une d'elles la lie au trésor caché Big Whoop, qui s'avère être une entrée illimitée pour un parc d'attraction, et sera réutilisée par LeChuck pour faire une fabrique de zombies (quand je vous dit que c'est tiré par les cheveux!). Néanmoins, le quatrième épisode dévoile que l'île est aussi le berceau d'un singe mécanique géant, de quoi perdre encore plus le joueur dans des méandres d'hypothèses qui s'annulent les unes les autres, et qui semblent aboutir au fait qu'en fin de compte, le secret le plus horrible de l'île aux singes est qu'il n'y en a pas de véritable.

 

Très inspiré de l'attraction de Disney Land, nommée Pirates des Caraïbes (jeu qui inspira la trilogie cinématographique, elle aussi riche en pirates, fantômes, et humour), le jeu vidéo Monkey Island fait parti de ces bijoux informatiques qui mérite une deuxième vie numérique. Par chance, la réédition, après 20 ans d'attente est arrivé, et le plaisir de retrouver le pirate maladroit et ses collègues attise mon impatience d'y jouer!


(première publication : 21/3/2010)


(paru dans Sortie de Secours n°19)

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